Haïti est un pays hautement vulnérable. Les taux alarmants de déboisement et d’érosion des sols, conjugués aux mauvaises pratiques de construction et à l’extrême pauvreté, mettent en péril 96 % de sa population. Les Haïtiens paient également un lourd tribut au climat. Au cours des dix dernières années, 17 ouragans ont fait plus de 3 600 victimes et touché 800 000 personnes. Rien qu’en 2008, les pertes et dommages causés par les cyclones tropicaux Fay, Gustav, Hanna et Ike ont atteint près de 15 % du PIB.
La gravité croissante des cyclones et la multiplication des sécheresses, à quoi s’ajoute une population de plus en plus nombreuse (16 millions d’habitants d’ici à 2030, selon les estimations), ont conduit Haïti à adopter une position ferme sur la question de l’adaptation aux changements climatiques. Le 1er mai, les Fonds d’investissement climatiques (CIF) ont, pour leur part, montré qu’ils étaient aux côtés de l’État insulaire en approuvant un financement de 25 millions de dollars en faveur du Programme stratégique d’Haïti pour la résilience climatique.
« La résilience, ce n’est pas accepter les caprices de la nature. C’est gérer notre environnement naturel de manière responsable, dans la quête d’un avenir meilleur pour chacun d’entre nous », a déclaré le président d’Haïti Joseph Michel Martelly dans une allocution filmée adressée au Sous-comité du Programme pilote pour la résilience climatique (PPCR), sous l’égide duquel le financement récemment avalisé s’inscrit.
« L’élaboration du plan stratégique d’Haïti pour la résilience climatique nous a rapproché de nos voisins des Caraïbes et d’autres nations dans le monde. Nous souscrivons entièrement aux principes de la résilience », a ajouté le président Martelly.
Une délégation dirigée par Thomas Jacques, ministre de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, a présenté le programme stratégique d’Haïti, qui vise à mieux protéger les infrastructures et l’agriculture contre les effets du changement climatique dans la zone vulnérable que constitue la « boucle Centre-Artibonite », à renforcer la résilience dans les villes côtières du golfe de la Gonâve et à promouvoir la gestion des connaissances et le renforcement des capacités dans le secteur des services hydrométéorologiques et climatiques. La Banque interaméricaine de développement et la Banque mondiale collaborent pour aider Haïti à élaborer et mettre en œuvre ce programme stratégique.
Selon Rose May Guignard, membre du Comité interministériel d’aménagement du territoire (CIAT), ce programme s’appuie sur le Plan d’action national pour l’adaptation au changement climatique (PANA) et porte en priorité sur ce qui doit permettre d’instaurer un relèvement durable après une catastrophe. Il tient compte à la fois des besoins urbains et ruraux, et vise à lancer des projets pilotes dans une région extrêmement vulnérable dans l’optique de démontrer les avantages d’un programme de protection au niveau national. L’idée est également de chercher des complémentarités avec les projets d’investissement de plus grande envergure, actuels et futurs, et les opérations de la Banque mondiale en Haïti.