ARTICLE

La résilience, ce n’est pas accepter les caprices de la nature

02 mai 2013


Image
Dominic Chavez/World Bank

LES POINTS MARQUANTS
  • La résilience, c’est « gérer notre environnement naturel de manière responsable », a déclaré le président d’Haïti Joseph Michel Martelly dans une vidéoconférence avec les Fonds d’investissement climatiques.
  • Le Programme stratégique d’Haïti pour la résilience climatique recevra un financement de 25 millions de dollars des Fonds d’investissement climatiques afin de mieux protéger les secteurs clés et les zones vulnérables contre les effets du changement climatique et de promouvoir les services hydrométéorologiques et climatiques.

Haïti est un pays hautement vulnérable. Les taux alarmants de déboisement et d’érosion des sols, conjugués aux mauvaises pratiques de construction et à l’extrême pauvreté, mettent en péril 96 % de sa population. Les Haïtiens paient également un lourd tribut au climat. Au cours des dix dernières années, 17 ouragans ont fait plus de 3 600 victimes et touché 800 000 personnes. Rien qu’en 2008, les pertes et dommages causés par les cyclones tropicaux Fay, Gustav, Hanna et Ike ont atteint près de 15 % du PIB.

La gravité croissante des cyclones et la multiplication des sécheresses, à quoi s’ajoute une population de plus en plus nombreuse (16 millions d’habitants d’ici à 2030, selon les estimations), ont conduit Haïti à adopter une position ferme sur la question de l’adaptation aux changements climatiques. Le 1er mai, les Fonds d’investissement climatiques (CIF) ont, pour leur part, montré qu’ils étaient aux côtés de l’État insulaire en approuvant un financement de 25 millions de dollars en faveur du Programme stratégique d’Haïti pour la résilience climatique.

« La résilience, ce n’est pas accepter les caprices de la nature. C’est gérer notre environnement naturel de manière responsable, dans la quête d’un avenir meilleur pour chacun d’entre nous », a déclaré le président d’Haïti Joseph Michel Martelly dans une allocution filmée adressée au Sous-comité du Programme pilote pour la résilience climatique (PPCR), sous l’égide duquel le financement récemment avalisé s’inscrit.

« L’élaboration du plan stratégique d’Haïti pour la résilience climatique nous a rapproché de nos voisins des Caraïbes et d’autres nations dans le monde. Nous souscrivons entièrement aux principes de la résilience », a ajouté le président Martelly.

Une délégation dirigée par Thomas Jacques, ministre de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, a présenté le programme stratégique d’Haïti, qui vise à mieux protéger les infrastructures et l’agriculture contre les effets du changement climatique dans la zone vulnérable que constitue la « boucle Centre-Artibonite », à renforcer la résilience dans les villes côtières du golfe de la Gonâve et à promouvoir la gestion des connaissances et le renforcement des capacités dans le secteur des services hydrométéorologiques et climatiques. La Banque interaméricaine de développement et la Banque mondiale collaborent pour aider Haïti à élaborer et mettre en œuvre ce programme stratégique.

Selon Rose May Guignard, membre du Comité interministériel d’aménagement du territoire (CIAT), ce programme s’appuie sur le Plan d’action national pour l’adaptation au changement climatique (PANA) et porte en priorité sur ce qui doit permettre d’instaurer un relèvement durable après une catastrophe. Il tient compte à la fois des besoins urbains et ruraux, et vise à lancer des projets pilotes dans une région extrêmement vulnérable dans l’optique de démontrer les avantages d’un programme de protection au niveau national. L’idée est également de chercher des complémentarités avec les projets d’investissement de plus grande envergure, actuels et futurs, et les opérations de la Banque mondiale en Haïti.


« La résilience, ce n’est pas accepter les caprices de la nature. C’est gérer notre environnement naturel de manière responsable, dans la quête d’un avenir meilleur pour chacun d’entre nous.  »

Joseph Michel Martelly

President, Haiti

Dans un pays où se bousculent divers acteurs internationaux impatients de lancer toutes sortes de projets, Haïti voit le PPCR sous un jour différent.

« Le PPCR nous permet d’aborder le changement climatique sous un angle entièrement nouveau », explique Mme Guignard. 

« Pour planifier le PPCR, nous avons dû nous adresser à différents ministères, rencontrer différents responsables pour définir le rôle de chacun, et déterminer comment, en tant qu’organisme public, nous pouvions prendre systématiquement en compte les priorités, les activités et les normes ayant trait au climat dans tout ce que nous faisons. Ce processus nous a obligé à collaborer et nous a appris à mieux coordonner nos efforts. C’est une expérience extrêmement positive et enrichissante pour Haïti », a-t-elle expliqué.

L’étape suivante pour Haïti consistera à effectuer les études spécialisées, les évaluations et les projections climatiques nécessaires pour établir les niveaux de référence et mettre au point les détails de chaque projet d’investissement. Il reste beaucoup à faire, mais le pays est prêt à relever le défi selon Thomas Jacques.  

« Comme le président Martelly l’a si bien dit, cette génération a le devoir de léguer aux suivantes un environnement où elles puissent mieux vivre. Ce programme permettra précisément de transmettre aux futures générations de Haïtiens un territoire où il fera mieux vivre », a déclaré le ministre de l’Agriculture. 

Haïti partie intégrante d’une initiative régionale

Haïti rejoint ainsi cinq autres pays de la région des Caraïbes — Dominique, Grenade, Jamaïque, Sainte- Lucie et Saint-Vincent-et-les Grenadines — qui mènent des programmes stratégiques nationaux pour la résilience climatique ainsi qu’un programme de coordination régionale grâce à un financement total de plus de 125 millions de dollars du PPCR. Les investissements devraient aider la région à se doter des moyens nécessaires pour recenser, analyser et atténuer les principaux risques climatiques et météorologiques en s’appuyant sur différents axes : amélioration des données géospatiales et planification de mesures d’adaptation au changement climatique, mise en place d’un dispositif régional de surveillance du climat, transposition des cartes et modèles de projection climatique à une échelle réduite, et échange d’expériences sur les activités d’adaptation entre les principaux groupes et secteurs, ainsi qu’en leur sein.

Les vingt programmes stratégiques relevant du PPCR sont désormais approuvés et, pour beaucoup d’entre eux, les activités proposées sont déjà en cours. À ce jour, les 26 projets approuvés au titre du PPCR totalisent un financement de 339 millions de dollars, lequel devrait permettre de mobiliser un cofinancement de 512 millions de dollars.

Le PPCR est l’un des quatre guichets de financement des CIF. Avec une enveloppe de 7,6 milliards de dollars, les CIF sont le premier mécanisme mondial de financement de la lutte contre le changement climatique. Ils aident 49 pays à travers le monde à mener des projets pilotes visant à promouvoir les technologies propres, la gestion durable des forêts, un meilleur accès à l’énergie grâce aux énergies renouvelables et un développement à l’épreuve du changement climatique. Les fonds CIF sont acheminés aux pays par l’intermédiaire des entités chargées des opérations avec le secteur public et de celles dédiées au secteur privé au sein des cinq banques multilatérales de développement — la Banque africaine de développement, la Banque asiatique de développement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque interaméricaine de développement et le Groupe de la Banque mondiale. Les CIF fournissent des dons et des financements très concessionnels (crédits assortis d’un taux d’intérêt quasiment nul) ainsi que des instruments d’atténuation des risques qui devraient aider à mobiliser plus de 43 milliards de dollars de cofinancements.

 



Api
Api

Bienvenue