L’envoyé spécial adjoint des Nations Unies pour Haïti, Paul Farmer, a rappelé aux experts et praticiens du développement le lien indissociable entre maladies et pauvreté et l’impératif, pour combattre ces fléaux, de disposer de systèmes et de connaissances capables de s’atteler à ces deux aspects.
L’envoyé spécial adjoint des Nations Unies pour Haïti, Paul Farmer, a rappelé aux experts et praticiens du développement le lien indissociable entre maladies et pauvreté et l’impératif, pour combattre ces fléaux, de disposer de systèmes et de connaissances capables de s’atteler à ces deux aspects.
Évoquant les initiatives qui visent à construire un avenir meilleur en Haïti, il a souligné la nécessité d’identifier les lacunes systémiques dans la lutte contre les maladies qui interdisent toute solution de long terme. Il a néanmoins rappelé que l’accès aux médicaments et à la prévention, même amélioré, ne suffirait pas seul à résoudre ce problème.
Trois membres éminents de la Banque mondiale — le président, Jim Yong Kim, le vice-président pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Hasan Tuluy, et l’envoyé spécial en Haïti, Alexandre Abrantes — étaient à ses côtés pour ce forum consacré au redressement de Haïti.
M. Farmer est revenu sur les efforts entrepris sous sa direction pour reconstruire, voire dans certains cas créer de toutes pièces, des institutions publiques destinées à faciliter la délivrance de soins de santé primaires. Ces institutions font partie de ce qu’il appelle les « systèmes primaires horizontaux intégrés », dont la fonction est non seulement de dispenser des soins mais aussi d’offrir les débouchés éducatifs et économiques qui permettront de briser le cercle vicieux de la pauvreté et de la maladie.
« C’est cela, je pense, que fait le personnel de la Banque mondiale : améliorer les systèmes à tous les niveaux pour faire reculer la pauvreté », a-t-il poursuivi.
Ce professeur de Harvard, cofondateur de l’organisation Partners in Health (PIH) avec l’actuel président de la Banque mondiale, s’est déclaré totalement en phase avec le mandat de l’institution : « Je crois en sa mission de mettre fin à l’extrême pauvreté. Je l’ai vu, c’est possible. Je suis optimiste de nature ».
Le président de la Banque mondiale a pour sa part rappelé qu’il avait découvert Haïti grâce à Paul Farmer et que ce pays avait joué « un rôle déterminant » dans son désir de lutter contre la pauvreté. Il a aussi évoqué sa volonté d’aider les États fragiles à sortir définitivement de cette situation et à « prendre le chemin de la croissance et de la prospérité », en proposant d’inscrire ce dessein dans la « conscience collective » de l’institution.
M. Farmer a consacré 30 ans de sa vie aux Haïtiens. En sa qualité d’envoyé spécial adjoint de l’ONU pour Haïti, il s’est rendu sur l’île quelques jours seulement après le terrible séisme du 12 janvier 2010, qui a détruit la capitale du pays, Port-au-Prince, et fait près de 230 000 victimes.
« J’aimerais pouvoir dire que nous étions préparés à faire face, tous autant que nous sommes », a déclaré M. Farmer. Mais l’ampleur des destructions était inconcevable.
Depuis, l’organisation PIH s’efforce d’aider Haïti à améliorer ses infrastructures. Grâce aux fonds récoltés et à la suite de la demande du ministère haïtien de la Santé, PIH a construit un centre hospitalo-universitaire de 16 millions de dollars à Mirebalais, une ville à 45 minutes de la capitale. C’est le plus grand hôpital à énergie solaire jamais construit dans un pays en développement. Il a bénéficié des normes antisismiques en vigueur en Californie et est doté du premier scanner à rayons X (CT) accessible à tous dans le pays.
Conscient qu’il reste encore beaucoup à faire pour obtenir de vraies transformations à long terme, M. Farmer a évoqué le rôle possible de la Banque mondiale : « Vous avez ce dont nous avons besoin. Aidez-nous à bâtir les systèmes qui nous permettront de progresser sur tous les fronts », de la santé et l’éducation au secteur financier et à l’agriculture.
Le vice-président de la Banque mondiale Hasan Tuluy a remercié M. Farmer, qui incarne selon lui un « mélange d’optimisme, d’esprit scientifique et d’humanité ». Il a abondé dans son sens, affirmant la nécessité de poursuivre le partenariat avec les autorités et de renforcer les institutions officielles pour assurer une reconstruction durable en Haïti.