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Un partenariat innovant pour la modernisation du système de santé du Lesotho

24 octobre 2011



LES POINTS MARQUANTS
  • A Maseru, capitale du Lesotho, un nouvel hôpital fournit des services de santé dans un cadre amélioré
  • L'hôpital et ses trois cliniques de référence ont vu le jour dans le cadre d'un partenariat public-privé innovant
  • Environ un quart de la population, en particulier les femmes et les enfants, en sont les principaux bénéficiaires

MASERU, le 24 octobre 2011—Le royaume du Lesotho est un petit pays confronté à de considérables problèmes de développement. Ses habitants sont sous le coup d’une triple menace sur le plan de l’alimentation, de la pauvreté et du VIH/Sida. En dépit d’une croissance moyenne du PIB qui atteignait 4 % avant le déclenchement de la récente crise économique mondiale, plus de la moitié de la population du pays vit au-dessous du seuil de pauvreté, selon les derniers Indicateurs du développement dans le monde.

En l’an 2000, le gouvernement du Lesotho s’est résolu à réduire l’écart entre un développement économique accentué et le ralentissement du développement sur le plan humain. Il s’est mis en tête d’améliorer l’accès aux services de santé essentiels et à en améliorer la qualité.


« Le gouvernement avait investi beaucoup de ressources dans l’infrastructure sans en récolter les fruits. Il a donc décidé de virer de bord en mettant l’accent sur un mode de gestion axé sur la performance, plutôt que de se concentrer sur la seule l’infrastructure.  »

Ruth Kagia

Directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Lesotho

Vendredi, après plus d’une décennie de réformes des services de santé, d’amélioration des infrastructures et de renforcement des capacités en ressources humaines, le gouvernement a atteint une partie de ses objectifs avec l’ouverture de l’Hôpital de la Reine Mamohato, un établissement ultra moderne de 425 lits à Maseru.

Sa Majesté le Roi Letsie III du Lesotho a inauguré le nouvel hôpital qui devrait permettre à environ un quart de la population du pays de bénéficier de services de santé de meilleure qualité.

L’hôpital public comporte huit salles d’opération, une aile de maternité de 40 lits, un service de soins intensifs pour adultes de 10 lits, une unité d’ophtalmologie, deux salles de flux laminaire pour la chirurgie de prothèse et, surtout, un corps de professionnels de santé adéquatement formés, géré par le privé.

Selon Karen Prins, directrice d’exploitation du nouvel hôpital : « L’accent sera mis sur la formation dans ce nouvel établissement, en raison de la technologie plus moderne, mais également en raison du rôle que cet hôpital sera amené à jouer dans l’infrastructure sanitaire du Lesotho en général. »

D’après elle, le nouvel hôpital et les réformes qui ont conduit à sa construction, au recrutement de son personnel et à son mode de fonctionnement pourraient changer le visage de la santé pour les citoyens du Lesotho. « C’est un projet vraiment ambitieux qui prépare le terrain pour que beaucoup d’autres pays en développement lui emboîtent le pas », a-t-elle déclaré.

Un partenariat pour obtenir des résultats

Le nouvel hôpital fait partie d’un large réseau d’établissements de santé mis sur pied avec l’assistance technique du Groupe de la Banque mondiale, assortie d’une subvention de 6,25 millions de dollars du Partenariat mondial pour l’aide basée sur les résultats et en s’appuyant sur les conseils en matière de transactions prodigués essentiellement par la Société financière internationale (IFC). Sa fondation fait suite à un partenariat public-privé de 18 ans entre le gouvernement et le consortium de Tsepong, sous la directive de NETCARE, société sud-africaine d’investissement dans le secteur sanitaire. Dans le cadre de ce partenariat, le gouvernement a engagé les services de Tsepong pour construire, gérer et exploiter le nouvel hôpital public sans qu’il en coûte davantage aux patients.

« Dans le cadre habituel d’un partenariat public-privé, le secteur privé apporte les ressources nécessaires à la construction et au fonctionnement et, au bout d’un certain nombre d’années, il transfère la responsabilité à l’État », déclare Timothy Thahane, ministre des Finances et de la Planification du développement du Lesotho.

Mais, dans ce cas précis, un groupe d’investisseurs s’est formé, a consenti un prêt à l’État qui a ensuite commissionné le secteur privé pour construire, gérer et exploiter.

« Nous aurons un hôpital de référence avec la meilleure technologie et la meilleure prestation de soins au monde », déclare Thahane. « Chaque Mosotho [habitant du royaume, NDLR] y aura accès. »

Le projet devrait desservir 20 000 patients hospitalisés et 310 000 patients externes annuellement.

En plus du nouvel établissement hospitalier, le réseau sanitaire amélioré du Lesotho comprend trois cliniques ambulatoires réparties dans l’agglomération de Maseru, dispensant des services de santé de base aux personnes résidant à proximité. Les cliniques ont commencé à fonctionner sous l’égide de Tsepong en mai 2010 et reçoivent entre 300 et 500 patients par jour. Elles sont ouvertes de 8 heures à 17 heures pendant la semaine ainsi que le samedi matin pour s’occuper des patients suivant une thérapie médicamenteuse à observance stricte. Le service de la clinique est assuré par un personnel d’environ 47 personnes et chaque clinique offre des services de maternité 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

« Nous pratiquons en moyenne environ 30 à 50 accouchements par mois dans chaque établissement », déclare le Dr Prithi Prithivaraj, directeur de la clinique. « Nous avons déjà atteint 1 000 naissances depuis l’ouverture, sans déplorer aucun décès. »

Selon Prithivaraj, 75 % du personnel des cliniques est de provenance locale, conformément à une stipulation de la loi sur l’égalité des chances du Lesotho ; médecins et infirmières suivent périodiquement des formations en Afrique du Sud et au Lesotho.

« Je suis infirmière depuis 19 ans. J’ai travaillé dans des cliniques et des hôpitaux publics pendant 17 ans », affirme sœur Nzama, infirmière diplômée et chef de service à la clinique de Mabote. « Là, je faisais ce que je pouvais, avec ce que j’avais à ma disposition. Je voulais aider chaque patient, mais dans la plupart des cas nous étions obligés de requérir leur transfert, en raison du manque d’équipement. »

D’après Nzama, cela se passe différemment à la nouvelle clinique.

« Pratiquement chaque chambre possède l’équipement nécessaire », dit-elle. « Je ne suis plus obligée d’aller d’une chambre à l’autre à la recherche de ce dont j’ai besoin. Mon travail s’en trouve facilité d’autant ici. C’est facile de s’occuper des patients. »

Nzama forme le personnel débutant de la clinique en plus de bénéficier elle-même de formations.

« Nous sortons de nos murs pour aller suivre des formations sur la prévention de la transmission mère-enfant du VIH/SIDA », dit-elle. « Nous allons à l’extérieur pour faire des formations sur les co-infections VIH/TB, pour apprendre à mieux gérer nos patients. Dans ces cliniques, ce sont les infirmières qui sont en contact avec les patients porteurs de TB/VIH, nous devons donc être bien formées pour nous occuper d’eux convenablement. »

Modernisation de l’environnement sanitaire

Les ressources humaines du pays, ses populations, sont au cœur du plan du gouvernement pour améliorer les services sanitaires. Avant l’ouverture du nouvel hôpital, les patients se faisaient soigner à l’hôpital Reine Élizabeth II, un établissement de 325 lits construit en 1957. Là l’équipement obsolète et l’infrastructure chancelante obligeaient régulièrement les prestataires de soins à envoyer les patients se faire soigner à Bloemfontein en Afrique du Sud.

« J’y suis allée [à Reine Elizabeth] pour donner naissance à mon bébé », confie Mataoe Marathabile, une patiente qui était de passage à la clinique Likotsi, l’une des nouvelles cliniques ambulatoires, en juillet. « Les toilettes étaient sales, il n’y avait pas d’eau chaude pour prendre un bain… et les bébés étaient à cinq par lit, les nouveau-nés mis tous ensemble dans un seul lit. »

Marathabile a préféré passer à Likotsi où elle et sa fille Rethabile, maintenant âgée de neuf mois, reçoivent des soins postnataux.

Relebohile Ntsne habite près de l’hôpital privé de Maseru, mais préfère dépenser quatre rands pour prendre un taxi et se rendre à la nouvelle clinique de Likotsi. « Cette clinique est gratuite, mais nous y trouvons tout ce dont nous avons besoin parce que les médecins sont bons, les infirmières sont compétentes », dit-elle.

Ntsne raconte l’histoire de sa sœur qui s’était rendue à l’hôpital de Reine Elizabeth II et avait été placée sur un matelas à même le sol sous le lit d’une autre patiente parce qu’aucun autre lit n’était libre. Sa mère leur a parlé, à elle et à sa sœur, de la nouvelle clinique et la famille est toujours venue ici depuis.

« La première fois où je suis venue ici, j’ai été très bien traitée », dit-elle. « Il ne m’a pas fallu longtemps pour obtenir le traitement et il est bien meilleur par rapport aux autres cliniques. »

La vocation assignée à la clinique de Likotsi et à deux autres cliniques, Qoaling et Mabote, est d’orienter les patients vers le nouveau centre spécialisé Reine Mamohato.

« L’idée derrière tout cela est de dispenser des soins de qualité », selon le Dr Prithivaraj. « C’est une démarche globale fondée sur l’efficacité et l’efficience, des procédures et des protocoles bien établis ». 


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