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Signature d'un accord à Cancun ou pas, les pays en développement passent à l’action

02 décembre 2010


Envoyé spécial de la Banque mondiale pour le changement climatique.

Pour Andrew Steer, une chose est sûre : les pays en développement n’ont pas attendu pour agir l’adoption d'un accord international sur le changement climatique, même s’ils en ont urgemment besoin.

S’adressant à la presse à une semaine de la Conférence des Nations Unies sur le climat de Cancun, l'envoyé spécial de la Banque mondiale pour le changement climatique a mis en avant les efforts entrepris par les pays en développement pour lutter contre le changement climatique et l’aide dont ils bénéficient de la part de l’institution.

La Banque mondiale soutient les initiatives de quelque 130 pays, et c’est, selon lui, une véritable « révolution silencieuse » que les pays en développement ont mise en marche. « Mois après mois, nous sommes stupéfaits de la capacité d'innovation qui est déployée. »

« Ces deux dernières années, 80 % des pays clients de la Banque mondiale ont demandé que le changement climatique soit placé au cœur de notre collaboration avec eux », a précisé Andrew Steer. « C’est 10 % de plus qu’il y a dix ans. » Alors qu’ils pourraient utiliser l’argent pour financer d'autres plans, ces pays font le choix de le consacrer à leurs stratégies d’adaptation et à l’acquisition de technologies propres.

À la question de savoir ce que serait un succès à Cancun, Andrew Steer a évoqué deux niveaux d’avancées possibles : d’une part, l’adoption d’un ensemble de décisions officielles sur des sujets fondamentaux tels que le financement, les forêts, le transfert de technologie, l’atténuation (c’est-à-dire la réduction des émissions) et les moyens de contrôle, et, d’autre part, le lancement de nouvelles initiatives dans des domaines dont on peut attendre des progrès concrets.

Au sujet de ces initiatives « complémentaires », Andrew Steer a notamment souligné l’énorme potentiel du secteur agricole. L’agriculture, qui contribue au problème du changement climatique, pourrait au contraire devenir l’une de ses solutions en aidant à fixer le carbone dans les sols. Ainsi, les agriculteurs, qui sont menacés par les effets du changement climatique, pourraient aussi jouer un rôle prépondérant pour y remédier.

Concernant ce domaine d’action, l’expert de la Banque mondiale a cité la coopération menée entre l’institution et plusieurs partenaires en vue de l’élaboration d’une feuille de route pour l’agriculture qui sera lancée à l’occasion de la conférence de Cancun. Il s'agit d’appuyer les investissements dans des programmes dits « à triple dividende » en ce qu’ils permettent à la fois d’augmenter les rendements (revenus), d’accroître la résilience (adaptation) et de fixer le carbone (atténuation).

D’autres nouvelles initiatives concernent l’aide apportée aux pays en développement pour qu’ils développent leurs propres marchés du carbone ou encore l’accès aux énergies renouvelables dans les petits États insulaires en développement. Comme le relève Andrew Steer, les petites îles vulnérables doivent en effet être prioritaires en la matière, compte tenu du défi que représente pour elles l’adaptation et des efforts qu’elles mènent en faveur d’un développement sobre en carbone.

Indiquant que les questions de financement allaient être en tête des priorités de Cancun, l’envoyé spécial de la Banque mondiale a qualifié « d’épreuve de vérité » la suite donnée aux engagements de financements précoces. À Copenhague, les pays riches ont en effet promis de verser 30 milliards de dollars aux pays en développement entre 2010-2012 pour des programmes d'atténuation et d'adaptation. Il est capital pour le processus de négociation que ces engagements de bonne foi soient honorés.

Andrew Steer a également commenté la création du nouveau Fonds vert, un instrument clé pour lutter à long terme contre le changement climatique. Il a souhaité son lancement et émis l’espoir que l’on tire les leçons des fonds déjà existants et opérant sur la base des principes des Fonds d'investissement climatiques.

Créés il y a deux ans seulement, et dotés d’une enveloppe de 6 milliards de dollars, les Fonds d'investissement climatiques sont déjà opérationnels dans 43 pays. « L'allocation et la mise en œuvre des fonds sont bien engagés et la structure de gouvernance équitable mise en place entre pays en développement et pays développés correspond exactement aux attentes de Copenhague. »

Si personne ne s’attend à la signature d'un accord global à Cancun, a admis Andrew Steer en conclusion de son intervention, des avancées sur des points de base essentiels sont possibles, et s’accomplissent d’ores et déjà, qui permettront d'atteindre cet objectif final.

Le but gagnant que le monde attend ne sera pas marqué à Cancun mais ce rendez-vous permettra certainement de faire avancer le jeu, et c'est précisément ce qu’il nous faut faire maintenant.


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