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Développement conduit par les communautés : Une expérience réussie au Bénin

26 octobre 2010


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Les financements de la Banque mondiale ont permis à des femmes d’avoir accès au crédit et de démarrer une activité économique.


LES POINTS MARQUANTS
  • Une approche de développement décentralisée qui responsabilise les populations locales est en train de fournir des résultats au Bénin
  • Cette approche a permis à la Banque mondiale de contribuer à améliorer l’accès des plus pauvres aux services financiers et aux services socio-économiques de base.
  • Les financements de la Banque ont permis de construire 2568 salles de classe et de 120 centres de santé, tout en renforçant les capacités des collectivités locales et l’inclusion des femmes.

COTONOU, 26 octobre 2010—Le Développement Conduit par les Communautés (DCC) est une approche de développement décentralisée qui met l’accent sur les priorités telles que définies par les communautés elles-mêmes, qui les responsabilise et leur donne les moyens de participer activement à leur propre essor.

En 2005, le Bénin a choisi de s’engager dans cette approche, à travers le Projet National d’appui au Développement Conduit par les Communautés (PNDCC), dont l’objectif est d’améliorer l’accès des plus pauvres aux services socio-économiques de base.

Le PNDCC a obtenu un soutien financier de la Banque mondiale d’un montant de 50 millions de dollars américains (environ 34 milliards FCFA), dont 37,7 millions sous forme de crédit, et 12,3 millions sous forme de don. Les fonds sont tirés de l’Association internationale de développement (IDA), la filiale du Groupe de la Banque mondiale qui aide les pays à faible revenu.

Les principales composantes du PNDCC sont : le renforcement des capacités des ministères sectoriels, des communes et des communautés à mettre en œuvre le DCC ; l’amélioration de l’accès des pauvres aux infrastructures et services sociaux de base ; et l’amélioration de l’accès des pauvres aux services financiers pour les activités génératrices de revenu. Les principaux partenaires du projet sont les communautés bénéficiaires, les mairies, et les ministères sectoriels.

Des résultats probants

Au total, 1196 communautés pauvres sur les 1515 ciblées ont reçu le financement du PNDCC pour mettre en œuvre 1231 sous-projets communautaires ; 63 communes sur les 74 ciblées sont également financées pour mettre en œuvre 89 sous projets communaux de leur Plan de Développement Communal (PDC) ; et 295 sous-projets supplémentaires ont été approuvés pour être démarrés dans les mois à venir.

En termes d’infrastructures, le projet a permis de financer la construction de 2568 salles de classe et de 120 centres de soins (dispensaires, maternités, unités villageoises de santé…). Par ailleurs, 206 modules de latrines (à 2 et à 4 cabines), ainsi qu’un grand nombre d’infrastructures marchandes (modules de boutiques, magasins de stockage et hangars de marché) ont également été réalisées. Des voies d’accès (pistes rurales) et d’autres infrastructures de base (puits à grand diamètre, forages équipés de pompes manuelles) ont aussi été réhabilitées et construites au profit des populations bénéficiaires.

Le PNDCC est surtout parvenu à développer les capacités des principaux acteurs, en vue d’autonomiser les populations à la base pour leur permettre de mieux gérer leur propre développement. Il est important de noter que les sous projets communautaires sont identifiés, préparés et mis en œuvre par les populations elles-mêmes à travers des structures dénommées « Association de Développement des Villageois » (ADV), avec l’appui des « Animateurs de Développent Communautaires » (ADC) et des communes dont relèvent les communautés concernées.

Le projet a organisé des formations en gestion à la base pour plus de 1515 communautés pauvres ciblées. Ces formations ont ainsi permis aux communautés bénéficiaires de s’organiser pour préparer des sous-projets éligibles au financement du PNDCC, et pour les exécuter en passant des marchés de travaux avec des entreprises, et des contrats de services de maître d’œuvre pour le contrôle des travaux sous la supervision des communes. Les 74 communes concernées et chacune des 12 préfectures du pays ont ainsi entrepris des activités de développement des capacités intégrant l’approche du Développement Conduit par les Communautés (DCC) dans leurs programmes.

L’objectif de donner aux plus pauvres un accès aux ressources financières pour développer des activités génératrices de revenus a également été atteint : un partenariat a été monté avec six institutions de microfinance et 3600 groupements (dont les membres sont à 90% des femmes) ont reçu des prêts et des conseils techniques pour démarrer leurs activités.

Un responsable d’une Association de développement villageois nous confie quel est selon lui l’impact le plus important du PNDCC : « Au-delà des infrastructures que nous avons pu réaliser dans le cadre du PNDCC, les formations que nous avons reçues ont été très importantes et valorisantes. Nous estimons que les capacités que nous avons acquises et qui nous ont permis de préparer et d’exécuter nos propres microprojets nous rend aptes à être de véritables acteurs de notre propre développement ».

Les femmes ne sont pas en reste

L’expérience DCC du Bénin est une réussite à plusieurs titres, notamment à travers : le renforcement de la capacité des ministères, des communes, et des organisations de développement à la base pour la mise en œuvre des opérations ; l’amélioration de l’accès des pauvres aux services sociaux, aux infrastructures de base et aux services financiers pour entreprendre des activités génératrices de revenus ; et l’acceptation du gouvernement de transférer des ressources financières au profit des communes et des communautés.

Il existe un consensus élargi autour du fait qu'il ne saurait y avoir de développement durable sans l'inclusion et l'autonomisation des femmes. A ce titre, le PNDCC n’a pas voulu mettre les femmes à l’écart. Au contraire, une disposition a été prise pour assurer une bonne représentation des femmes dans les organes de gestion des ressources projets. Leur participation a donc été renforcée et elles ont une meilleure responsabilisation dans la mise en œuvre des micro-projets. Ceci a contribué à autonomiser les femmes dans les communes et communautés bénéficiaires, et a permis leur participation aux processus de prise de décision.

De plus, étant les principales bénéficiaires du partenariat entre le PNDCC et les institutions de microfinance, les femmes ont reçu des prêts et des conseils techniques pour démarrer des activités génératrices de revenus qu’elles ont su bien gérer et dont elles ont su tirer des bénéfices conséquents. Elles ont ainsi pu rembourser rapidement les crédits, et ont été en mesure d’en obtenir davantage.

Des femmes que nous avons rencontrées au cours d’une visite à la Mutuelle pour le Développement à la Base de Bohicon (une institution de microfinance) nous ont révélé que les activités qu’elles ont entreprises avec les crédits obtenus leur ont permis de contribuer beaucoup plus aux besoins de leur famille, notamment en réorientant les dépenses familiales vers la santé et l'éducation des enfants.

Perspectives d’avenir

Il est vrai que beaucoup d’actions ont déjà été entreprises dans le cadre du PNDCC, mais beaucoup reste encore à faire. « Le PNDCC a contribué fortement à accroître la capacité des communautés à l'identification des besoins en développement, l'élaboration des sous-projets, la recherche de financement, le suivi de l'exécution des travaux, ainsi que la réalisation des audits, la vérification de principe, l'évaluation et la reprogrammation », selon le Secrétaire Exécutif du Projet, M. Frank Tigri. « Au vu de la demande sans cesse croissante des communes et communautés, nous avons dû accélérer le rythme de la mise en œuvre des activités, afin d'ouvrir l'opportunité pour une continuité de l'assistance technique et financière nécessaire pour accroître et renforcer l'accès des pauvres aux services sociaux et aux infrastructures de base », a-t-il ajouté.

Le PNDCC a obtenu récemment un financement additionnel d’un montant de 12 millions de dollars (environ 6 milliards FCFA) sous forme d’un don de l’IDA pour renforcer les acquis du projet, et financer une nouvelle composante visant à apporter une assistance technique pour améliorer le système de protection sociale au Bénin. Le financement additionnel a été approuvé par le Conseil d’administration de la Banque mondiale le 29 juin 2010.



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