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République démocratique du Congo : 14 millions de manuels scolaires distribués grâce à un financement de la Banque mondiale

29 avril 2010


LES POINTS MARQUANTS
  • La RDC enregistre un faible taux d’admission en 1ère année du primaire, une situation liée en partie au manque de moyens des parents, à qui revient la prise en charge des frais scolaires
  • La Banque mondiale a accordé un financement de 150 millions de dollars pour soutenir le secteur de l’éducation dans le pays pour une période de cinq ans
  • Plus de 14 millions des manuels scolaires ont été livrés aux 30 provinces éducationnelles que compte la RDC pour favoriser l’égalité des chances à tous les enfants en âge scolaire

KINSHASA, 29 avril 2010—L’initiative du gouvernement de la République démocratique du Congo, appuyé par la Banque mondiale,  était très attendue face au danger d’une déperdition scolaire certaine à craindre pour tout le pays : un livre de français et de mathématique pour chaque élève de première et deuxième année de l’école primaire. « Enfin, l’école va redevenir l’école », certains parents ne peuvent  s’empêcher de soupirer à la vue des manuels scolaires dans les cartables de leurs enfants. Des manuels pour les enfants mais aussi des guides pour les enseignants !  Pour les jeunes congolais bénéficiaires du projet, c’est une opportunité inespérée de pouvoir commencer l’école sur des bases solides confirmées.

En tout 150 millions de dollars. Tel est le financement accordé par la Banque mondiale pour soutenir le secteur de l’éducation en République démocratique du Congo pour une période de cinq ans à dater de janvier 2008. Le projet PARSE (Projet d’Appui au Redressement du Secteur de l’Education) se fixe essentiellement comme objectif de renforcer les capacités institutionnelles et financières du secteur de l’éducation  notamment en apportant une assistance en vue de prévenir toute détérioration ultérieure de la fourniture des services essentiels au niveau de l’éducation primaire, en préparant le terrain pour le développement et le financement durables du secteur en vue de faciliter la coordination des donateurs et la transition future vers un programme couvrant l’ensemble du secteur de l’éducation. Le programme est très ambitieux mais à la mesure de l’immensité du problème à résoudre. « L’idée de base est d’améliorer la qualité de l’enseignement primaire  en facilitant l’accès et en favorisant l’égalité des chances à tous les enfants en âge scolaire », explique Firmin Seke di Makwala, expert du PARSE.

La distribution de manuels dans les établissements scolaires était devenue une pratique totalement inexistante depuis des générations en RDC. Pour des raisons de mauvaise appréciation des priorités nationales ou d’absence de politique en matière d’éducation, l’enseignement avait progressivement perdu de sa qualité à tous les niveaux. Aussi, pour bon nombre de parents dont les enfants   fréquentent encore l’école primaire, l’initiative actuelle est très encourageante.  

Quelque 8 millions de bénéficiaires

Dans la commune de Lingwala à Kinshasa, l’école « Kobota elengi » ne forme les enfants que pour le cycle primaire. C’est une école privée de très bonne réputation dans le quartier populeux des environs du Stade des Martyrs et du Palais du Peuple. Comme beaucoup d’autres dans son genre, elle s’est trouvée éligible au programme de distribution des manuels scolaires. Les élèves sont fiers de montrer les livres nouvellement acquis. Pour l’enseignant Louis Kiboba, c’est un bon début pour la reprise en main de l’enseignement de base, fondement de toute scolarité. Les promotions antérieures n’ont pas eu les mêmes chances.

A ce jour, plus de 14 millions des manuels scolaires ont été livrés aux 30 provinces éducationnelles que compte le pays. Ces manuels sont en cours de distribution dans toutes les écoles primaires publiques et privées agréées de la RDC. « Ce sont des manuels conçus par des Congolais en tenant compte de la donne culturelle congolaise, rassure Firmin Seke di Makwala. Ils sont plus parlants parce qu’utilisant des matériaux et un langage du terroir congolais ».

En dehors de Kinshasa, beaucoup de provinces ont également reçu les manuels scolaires. L’inspecteur Pene Wangozi du Service de Contrôle et de Paie des Enseignants dans la province du Maniema, décrit le même sentiment de satisfaction des parents d’élèves au sujet de la distribution des manuels scolaires. « Pour un début, c’est encourageant, dit-il. Mais il ne faut pas s’arrêter à ces deux premières années de l’école primaire ».

 Même dans les provinces où l'insécurité persiste du fait des combats et des rébellions récurrentes, les manuels scolaires ont été distribués. Ainsi en 2009 la directrice des opérations de la Banque mondiale pour la RDC, Mme Marie-Françoise Marie Nelly, a personnellement assisté à l’opération de distribution des manuels à l’Institut de Goma, capitale de la province du Nord Kivu.

L’unité de coordination et de gestion  du projet a déployé des équipes mixtes pour la supervision des distributions là où les conditions logistiques d’accessibilité le permettaient, notamment autour des centres urbains. Les conditions de distributions se sont sensiblement améliorées depuis que le gouvernement a centré des efforts appréciables sur la réhabilitation des routes en province. « Pour ne prendre qu’un exemple parmi tant d’autres, explique Firmin Seke di Makwala, il était quasi impossible de circuler sur l’axe Bukavu-Walungu et la distribution en souffrait. Aujourd’hui, on parcourt le même axe en moins de deux heures et le travail des équipes de distribution en est d’autant plus facilité ».

Prémices du succès, même si beaucoup reste à faire

Bien que le taux brut de scolarisation en RDC soit estimé à près de 91% en 2007, le taux brut d’admission en 1ère année reste seulement de 46%. Cette situation traduit l’entrée tardive de beaucoup d’enfants au-delà de l’âge légal de scolarisation. Elle est liée en partie aux déplacements des populations dans les régions en proie à une insécurité généralisée et aussi au manque de moyens des parents, à qui revient la prise en charge des frais scolaires.  Il sied, en outre, de souligner l’état de délabrement très avancé des infrastructures scolaires, l’absence de matériels didactiques, d’une politique de formation des enseignants et d’une stratégie globale du secteur  de l’éducation. Même si beaucoup reste encore à faire dans la lutte contre la déperdition scolaire, il y a lieu d’affirmer que le Projet d’Appui au Redressement du Secteur de l’Éducation commence à goûter aux premiers fruits de ses efforts.


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