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publication 2 août 2017

Productivité, participation et performance : le triple défi des Seychelles

Dernier numéro: 
  • Août 2017
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Photo : Oleg Znamenskiy/Shutterstock


LES POINTS MARQUANTS

  • La Banque mondiale vient de réaliser un diagnostic systématique pour les Seychelles afin d’identifier les interventions et données supplémentaires nécessaires pour l’élaboration des politiques publiques.
  • Selon le diagnostic, les enjeux de développement des Seychelles peuvent se résumer par un triple défi, les 3 « P » : productivité, participation et performance.
  • Le diagnostic montre aussi l’intérêt d’investir davantage dans la collecte de données afin d’élaborer des politiques publiques adaptées.

VICTORIA, le 2 août, 2017—Comment les Seychelles peuvent-elles mettre à profit leurs solides résultats économiques pour que la croissance bénéficie à l’ensemble de la population, qu’elle minimise son impact sur l’environnement et qu’elle résiste aux chocs futurs ? Ces questions sont au cœur du dernier diagnostic systématique réalisé par la Banque mondiale sur le pays.

L’objectif de ce rapport est de d’identifier les priorités les plus cruciales pour le développement des Seychelles et définir les interventions et données supplémentaires nécessaires pour l’élaboration des politiques publiques. Selon le diagnostic, les enjeux de développement des Seychelles peuvent se résumer par un triple défi, les 3 « P » : productivité, participation et performance.

Productivité

La croissance économique des Seychelles est robuste mais elle dépend largement des investissements étrangers et de l’emploi d’une main-d’œuvre expatriée. Il faudrait donc que le pays utilise ses ressources plus efficacement, c’est-à-dire que sa croissance repose sur des gains de productivité.

Ces derniers pourraient être réalisés de diverses façons, notamment en encourageant davantage l’innovation dans les secteurs clés de l’économie, tels que le tourisme, et en continuant de promouvoir le développement des micro-entreprises et des petites et moyennes entreprises (PME) dans l’ensemble de l’économie.

Alors que les Seychelles sont considérées comme un pays à revenu élevé (le seul en Afrique) depuis 2015, le moment est venu d’agir sur les facteurs de la croissance économique. Celle-ci doit en effet pouvoir reposer sur des gains de productivité continus découlant, d’une part, des pressions concurrentielles du marché qui incitent à faire plus avec moins et, d’autre part, de l’innovation et notamment de l’adoption de nouvelles technologies.

Participation

Les taux d’activité et d’emploi sont élevés aux Seychelles, mais le marché du travail a de plus en plus tendance à privilégier les travailleurs qui possèdent les compétences appropriées. Il s’agit par exemple de compétences techniques et professionnelles avancées, mais aussi de « soft skills », à savoir des compétences en communication et des qualités humaines requises pour un poste d’encadrement ou pour des emplois commerciaux. Il faut par conséquent que le système d’enseignement national produise des diplômés sachant utiliser les outils nécessaires pour mettre à profit les opportunités croissantes offertes par une économie toujours plus sophistiquée.

Aux Seychelles, les dépenses sociales sont généreuses, mais doivent être mieux ciblées pour rester pérennes, mieux protéger les catégories les plus vulnérables et permettre aux Seychellois d’accéder à des emplois de qualité.

Performances

Une économie très performante, qui offre à tous des opportunités de participation tout en protégeant les plus vulnérables et en garantissant des filets de sécurité en période de crise, nécessite un secteur public efficace, pour proposer des services de qualité (éducation et soins de santé, notamment). L’Etat se doit aussi d’être agile, pour répondre aux besoins les plus urgents et pour les anticiper, et rationalisé, pour ne pas s’accaparer l’essentiel des moyens financiers et des ressources humaines au détriment secteur privé, lequel constitue la principale source d’emplois et de revenus.

Au lendemain de la crise financière mondiale de 2008, le pays a engagé des réformes qui ont amélioré considérablement sa situation, et il doit poursuivre sur cette lancée afin que l’administration publique et les entreprises d’État puissent soutenir une économie performante et à laquelle participe une grande partie de la population.

À travers le prisme de ce triple défi, la Banque mondiale a mis en évidence cinq champs d’action prioritaires, avec, à la clé, de plus grandes avancées sur la voie du partage de la prospérité :

  • instaurer des conditions plus propices aux activités du secteur privé ;
  • continuer à mettre l’accent sur la stabilité macroéconomique et budgétaire ;
  • accroître l’efficacité des dépenses publiques ;
  • renforcer le système d’enseignement et le développement des compétences ;
  • et rationnaliser les dépenses sociales et les utiliser de façon plus stratégique.

Il existe bien sûr, comme le souligne également le diagnostic de la Banque mondiale, de nombreuses autres priorités : il faut, par exemple, améliorer la qualité des prêts et de l’énergie et les rendre moins chers, flexibiliser le marché du travail, améliorer la qualité des soins de santé, atténuer les effets des chocs économiques externes qui sont inévitables et lutter contre les conséquences du changement climatique.

L’espoir est que ce rapport apportera des pistes de réflexion utiles au débat national et qu’il contribuera au nouveau processus de planification du développement du pays. À l’heure où les Seychelles dressent le bilan de leurs progrès en matière de développement, avec la volonté d’aller de l’avant, notre diagnostic montre aussi que ce pays a tout intérêt à investir davantage dans la collecte de données afin d’éclairer le débat et d’élaborer des politiques publiques adaptées. On pourrait donc compléter les 3 « P » par les 2 « D » : données et digitalisation.


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