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publication 5 mars 2018

Mieux gérer les investissements publics et renforcer la protection sociale : un duo gagnant pour la Mauritanie

Dernier numéro: 
  • February 2018
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LES POINTS MARQUANTS

  • La Banque mondiale vient de publier son Rapport sur la situation économique en Mauritanie, première édition d’une série analysant les tendances et perspectives économiques du pays
  • Le rapport s’intéresse à l’impact de l’investissement public sur le développement économique
  • L’étude insiste également sur la nécessité de renforcer les filets sociaux, instrument essentiel dans la lutte contre la pauvreté

NOUAKCHOTT, le 5 mars 2018 — La Mauritanie, pays d’Afrique de l’Ouest à la fois désertique et doté d’une façade atlantique, renoue timidement avec la croissance, tendance liée à la hausse graduelle des cours du fer et du cuivre combinée à une bonne performance du secteur non-extractif.  Selon les prévisions de la Banque mondiale, le taux de croissance devrait atteindre 3,5% en 2017, contre 2,6% en 2016, tiré par la pêche, le commerce et l’industrie manufacturière.

Le rapport constate également que les efforts de consolidation budgétaire mis en œuvre par le gouvernement commencent à porter leurs fruits, le solde budgétaire primaire (soit la différence entre les recettes et les dépenses) étant excédentaire pour la deuxième année consécutive. Fait significatif : pour la première fois depuis une décennie, la Mauritanie enregistre en 2017 une réduction du ratio de la dette qui est passé de 99,1% du PIB en 2016 à 93,6% même si le risque de surendettement reste élevé.

Une performance qui reste cependant insuffisante si la Mauritanie entend maintenir les gains enregistrés entre 2008 et 2014 —la période du boom minier— en matière de réduction de la pauvreté, nuance le rapport de la Banque mondiale. « La Mauritanie a enregistré des progrès importants au cours de la dernière décennie, » constate Wael Mansour, économiste-pays et auteur principal du rapport, « le revenu par habitant passant de 700 dollars en 2007 à 1136 dollars en 2016. Reste que le nombre absolu de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté continue d’augmenter, l’économie mauritanienne peinant à créer des emplois ».

L’étude de la Banque mondiale analyse les perspectives de croissance du pays à travers l’angle des investissements publics et des dépenses de protection sociale.

Si des investissements massifs dans des projets d’infrastructure comme la construction de milliers de kilomètres de voies bitumées, l’électrification du pays ou l’alimentation en eau potable ont contribué à élargir l’accès des populations aux services de base (tout en creusant le déficit de l’Etat), protéger les populations les plus vulnérables de l’impact des restrictions budgétaires destinées à contenir la dette publique demeure un impératif.  Or la part des investissements publics consacrée au développement humain est passée de 4.7% du total des investissements public en 2010 à plus de 10% en 2015 pour retomber à 2,7% en 2016.

Si les autorités mauritaniennes ont maintenu en 2017 une politique budgétaire prudente axée sur l’élargissement de l’assiette fiscale et le contrôle des dépenses, le rapport insiste cependant sur la nécessité de mettre en place un système plus efficace de gestion des investissements publics privilégiant les projets combinant rendements économiques et impact social.

« Un chauffeur de taxi avec lequel j’évoquais récemment le bon état des routes dans le pays m’a résumé le dilemme auquel les autorités doivent faire face de la manière suivante : Le goudron, ça ne se mange pas ! », confie Wael Mansour.

 Les programme de filets sociaux constituent un investissement rentable car ils améliorent la consommation des ménages et boostent l’économie locale, note l’étude de la Banque mondiale. A plus long terme, les filets sociaux représentent aussi un moyen efficace de limiter la transmission de la pauvreté d’une génération à une autre.

Si la Mauritanie est parvenue à mettre en place un système national de filets sociaux via l’établissement d’un Registre social identifiant les ménages les plus pauvres, et le déploiement de programmes sociaux ciblant les plus vulnérables, le rapport de la Banque mondiale préconise cinq actions pour consolider ces acquis :

  • Adopter une stratégie permettant de financer les réponses aux chocs via des instruments tels que des fonds de contingence
  • Améliorer le ciblage et la gestion des programmes existants
  • Actualiser et étendre le registre social à l’ensemble du territoire  
  • Etendre le programme de transferts sociaux Tekavoul à l’ensemble du pays
  • Développer un dispositif national de réponse aux chocs

Le rapport conclut que si le gouvernement a déjà fait part de sa volonté de renforcer le système de protection sociale en Mauritanie, la pérennité d’un tel système passe aussi par la mobilisation des acteurs du développement et de la société civile.