En se basant sur une vision du développement pour la prochaine décennie, la Banque mondiale a produit au cours du premier semestre 2014 une collection de dix-huit notes de politique économique. Ces notes sont articulées autour de trois grands thèmes : la croissance et la prospérité partagée ; la prestation de services inclusifs et la gouvernance.
« Ayant émergé d’une crise politique de cinq années, le pays a besoin de reprendre le chemin de la croissance. Toute reprise économique a un impact positif sur un grand nombre de personnes, mais pour que la croissance soit durable et bénéficie au plus grand nombre, il est nécessaire de mettre en place des politiques appropriées» a souligné Coralie Gevers, responsable des opérations de la Banque mondiale à Madagascar. « Un meilleur partage des dividendes de la croissance permettra de réduire les risques d’instabilité politique et sociale », a-t-elle ajouté.
Si le secteur privé a un rôle fondamental à jouer en tant que créateur d’emplois, le rôle du gouvernement est de maintenir la stabilité macroéconomique et de créer un environnement favorable aux investissements via l’établissement d’un cadre règlementaire adéquat. Le gouvernement doit également assurer la fourniture de biens publics en collaboration avec le secteur privé et les partenaires extérieurs : tout d’abord, les services sociaux de base tels que l’éducation et la santé (les indicateurs en la matière se sont considérablement détériorés du fait de la crise) mais aussi un accès fiable à l’électricité (seuls 14% de la population malgache ont accès à l’électricité), une connectivité physique et virtuelle (l’accès à l’internet n’est que de 2,2%), et la collecte et la diffusion d’informations essentielles pour la prise de décision. « Là encore, nous préconisons les interventions qui profitent à une part importante de la population, surtout ceux qui en ont le plus besoin », souligne Coralie Gevers.
Si Madagascar a enregistré des périodes de prospérité, historiquement, le pays n’a pas été en mesure de pérenniser cette croissance. « Pourtant, Madagascar devrait être en mesure de connaître un décollage économique semblable à celui vécu par les pays d’Asie orientale », estime Keiko Kubota, économiste principal du bureau de la Banque mondiale et coordinatrice de la rédaction de ce document. Pour que Madagascar puisse s’inspirer de leurs réussites, quelques ajustements seront cependant nécessaires. « Ces pays ont construit leur succès sur leur dotation en main-d’œuvre abondante et productive, complétée par une accumulation rapide de capital. Madagascar pourrait capitaliser sur l’abondance de ses ressources naturelles pour mettre le pays sur la voie d’une croissance durable », précise en effet l’économiste.
Si Madagascar semble avoir jusqu’à présent été épargné par la « malédiction des ressources naturelles », c’est en partie parce que ses ressources sont suffisamment diversifiées (le secteur minier ne représentait qu’environ 5% du PIB en 2013, loin derrière le secteur agricole dont dépend pour sa survie 80% de la population). En revanche, le pays n’est pas à l’abri d’un tel syndrome si de solides institutions ne sont pas mises en place.
« La bonne gouvernance permettra au pays de tirer le meilleur parti des ressources disponibles, l’établissement d’un cadre règlementaire approprié permettant d’améliorer le climat des affaires, d’attirer les investissements et d’encourager la concurrence », explique Keiko Kubota. Les notes sont organisées autour des types d’actifs, regroupés en quatre catégories : les institutions, le patrimoine naturel, le capital physique et le capital humain. Cette nouvelle collection met à jour la précédente collection de notes publiée en juin 2010.