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publication 2 octobre 2020

Tchad et coronavirus : comprendre la conjoncture économique et la situation de la pauvreté en quatre graphiques

Dernier numéro: 
  • Octobre 2020
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LES POINTS MARQUANTS

  • Publiée aujourd’hui par la Banque mondiale, la note sur la situation de l’économie et de la pauvreté au Tchad constate que la hausse de la production pétrolière et la consolidation macroéconomique ont permis une reprise de l’économie avec une croissance estimée à 3,2 % en 2019, après la récession des années 2016-2017
  • La crise de la covid-19 assombrit toutefois les perspectives à court terme, notamment à cause de ses répercussions négatives sur les prix du pétrole
  • La deuxième partie du rapport analyse la situation de la pauvreté dont le taux demeure élevé au Tchad

N’DJAMENA, TCHAD, 30 septembre 2020—Voici ce qu’il faut retenir de la dernière note sur la situation de l’économie et de la pauvreté au temps de la COVID-19 :

Avant la pandémie de COVID-19, c’est-à-dire jusqu’en février 2020, l’économie tchadienne poursuivait une reprise progressive, bien que modeste

Cette reprise a été soutenue par une augmentation significative de la production pétrolière et agricole. Après la récession sévère de 2016-2017, la croissance s’est redressée à 2,4 % en 2018 et 3,2 % en 2019. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) non pétrolier est également passée de - 0,9 % en 2017 à 2,2 % en 2019 grâce à la reprise du secteur des services.

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Source : estimations des autorités tchadiennes et du personnel de la Banque mondiale.

De même, la réussite des programmes d’assainissement des finances publiques, consistant à contenir la masse salariale et à intensifier les efforts de mobilisation des recettes non pétrolières a permis d’améliorer l’équilibre budgétaire et de soutenir la dette. Le déficit budgétaire global a ainsi diminué de -5,8 % du PIB non pétrolier en 2015 à -0,8 % en 2019. L’État a également restructuré sa dette à l’égard du groupe pétrolier Glencore, ce qui a permis de rétablir la liquidité et la soutenabilité de la dette. La dette publique a diminué, passant du niveau record de 54,8 % du PIB atteint en 2016 à 44,3 % en 2019, même si le risque de surendettement reste élevé.

Les prix modérés des transports et de l’alimentation ont permis de contenir l’inflation à -1 % en 2019. Le taux d’intérêt directeur s’est maintenu à 3,50 %, permettant aux réserves régionales officielles d’atteindre 3,3 mois d’importations en 2019. Le déficit du compte courant s’est creusé en raison d’une augmentation des importations liées à l’investissement direct étranger (IDE) destiné à plusieurs champs pétrolifères en cours de développement.

Bien que le taux de pauvreté ait diminué au cours des quinze dernières années, il reste élevé dans le pays.

 . Les ménages pauvres ont davantage d’enfants, moins d’accès à l’instruction et travaillent souvent dans le secteur agricole dans des conditions de production peu favorables. Malgré une amélioration de la situation non monétaire des Tchadiens, les conditions de vie des personnes pauvres demeurent précaires et sont exacerbées par un faible accès aux services de base tels que l’eau potable, l’assainissement et l’électricité, ainsi qu’un accès limité aux actifs.

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Sources : Autorités nationales, MFMod, données de la Banque mondiale sur les marchés des matières premières et calculs des auteurs.

Il existe une forte disparité géographique dans la répartition de la pauvreté, le nord étant moins confronté à la pauvreté que les autres régions, à l’exception de la capitale. Par ailleurs,

Comme dans le reste du monde, depuis mars 2020, la pandémie de COVID-19 a radicalement changé les perspectives macroéconomiques du Tchad

Les effets négatifs de la pandémie ne concernent pas tant la contagion directe que la récession économique mondiale et l’effondrement des prix internationaux du pétrole qu’elle a déclenchés. Le secteur pétrolier du Tchad, qui représente près de 80 % des exportations et 40 % des recettes publiques, a été sévèrement touché. La baisse de la demande des exportations, la réduction des apports des IDE, la fermeture des frontières, et les mesures de distanciation sociale risquent de replonger le pays dans une récession en 2020, avec une contraction de l’économie projetée à 0,2 % (par rapport au taux de croissance de 4,8 % prévu avant la pandémie). Le déficit du compte courant risque de se creuser, les recettes budgétaires et les dépenses publiques diminueront, alors que l’accumulation accrue des arriérés devrait se poursuivre. Si l’impact de la crise de la COVID-19 s’atténuait dans les mois à venir et si les mesures de fin de confinement étaient assouplies, la croissance pourrait rebondir en 2021 avec l’accélération de la production dans les nouveaux champs pétrolifères, le rétablissement des prix du pétrole.

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Sources : Autorités nationales, MFMod, données de la Banque mondiale sur les marchés des matières premières et calculs des auteurs.

À court terme, il est urgent de soutenir la population la plus pauvre et vulnérable qui pourrait être touchée de manière disproportionnée par les conséquences de la pandémie

Les autorités devraient continuer de renforcer les mesures économiques et sociales visant à protéger les vies, les moyens de subsistance et l’avenir. Il s’agit avant tout de :

  • améliorer les capacités de dépistage et traitement des patients atteints du virus et renforcer la sensibilisation de la population ainsi que la qualité et l’accès aux services de santé en général, en particulier pour la population pauvre ;
  • diminuer l’impact économique de la pandémie sur le revenu des ménages, en garantissant le paiement des salaires des fonctionnaires, en améliorant les programmes de filets sociaux et en renforçant la sécurité alimentaire ;
  • évaluer la capacité des entreprises publiques d’assurer une fourniture continue des services de base (en particulier, l’eau et l’électricité) aux citoyens pendant la crise et maintenir le fonctionnement des services financiers publics essentiels ;
  • atténuer l’impact des chocs extérieurs sur l’économie tchadienne en élargissant l’assiette fiscale, renforçant la capacité de recouvrement des administrations fiscales et douanières, et en adoptant des réformes audacieuses et favorables aux affaires afin d’accélérer la diversification économique.