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Algérie : rapport de suivi de la situation économique (avril 2016)



Selon le dernier Rapport de suivi de la situation économique (avril 2016), la croissance devrait rester peu élevée, à 3,4%.

La chute des prix mondiaux du pétrole depuis la mi-2014 a entraîné une détérioration des équilibres macroéconomiques. En 2015, la croissance s’est ralentie, redescendant à 2,9 % en 2014, sous l’effet de la baisse du prix moyen du pétrole, qui est passé de 100 dollars le baril en 2014 à 59 dollars le baril en 2015. Parce qu’au départ on s’attendait à ce que cette baisse soit de courte durée, le défaut d’assainissement des finances publiques a entraîné un doublement du déficit budgétaire, qui s’est établi à -15,9 % du PIB en 2015. Le déficit du compte courant a triplé pour se situer à -15,2 % du PIB en 2015. Les exportations d’hydrocarbures représentent 95 % des exportations totales et environ deux tiers des recettes publiques. Les exportations d’hydrocarbures ont chuté, partant d’un pic de 36 % du PIB en 2011 à 19% du PIB en 2015, tandis que les recettes provenant des hydrocarbures ont reculé, d’un pic de 27,4 % du PIB à 14 % du PIB. En raison des décaissements de sommes très importantes, le Fonds de stabilisation pétrolier a vu ses ressources chuter, de 25,6 % du PIB en 2014 à 16,2 % du PIB. Les réserves internationales demeurent élevées, à 28 mois d’importations, mais elles s’amenuisent rapidement. Malgré une politique monétaire restrictive, l’inflation a atteint 4,8 % en raison notamment de l’effet de répercussion d’une dépréciation en valeur nominale du dinar de 20 %, qui visait à corriger le déséquilibre extérieur. Le taux de chômage est passé à deux chiffres et était plus prononcé parmi les femmes et les jeunes.

Le budget de 2016 met l’accent sur l’assainissement des finances publiques, et retient l’hypothèse d’un prix moyen du pétrole s’établissant à  35 dollars le baril. Il préconise une baisse des dépenses  de 9 % (principalement les investissements) et une augmentation des recettes fiscales de de 4 % fondée sur une hausse des prix de l’essence de 36 % et une augmentation des taxes sur l’électricité et l’essence, ainsi que sur les immatriculations de véhicules. Le budget permet au gouvernement d’approuver de nouvelles coupes si les prix du pétrole venaient à descendre en dessous du prix moyen hypothétique prévu, et de contracter des emprunts extérieurs si nécessaire. Le gouvernement appliquera également de nouvelles licences d’importation et il envisage de relever le prix de l’électricité pour le rapprocher du coût de production. Les autorités monétaires laisseront au dinar la souplesse nécessaire pour empêcher son désalignement.

Les responsables politiques continuent de faire face à des compromis difficiles pour les années à venir. Les autorités ont peu de choix, si ce n’est de rétablir les équilibres du budget et du solde extérieur. La croissance devrait toutefois rester peu élevée, à 3,4%, tirée par le dynamisme modeste dans l’industrie des hydrocarbures, avec le lancement de projets gaziers, et par les secteurs hors hydrocarbures. La croissance bénéficierait d’une dépense publique revue à la baisse mais toujours positive et d’une stagnation des exportations des hydrocarbures, surtout si les prix du pétrole restaient faibles ou s’effondraient davantage, et si la reprise mondiale restait timide. En 2017-2018, après un certain redressement des prix du pétrole, la croissance continuera d’être tirée par l’investissement public et des subventions toujours importantes. L’investissement privé restera timide en raison des incertitudes sur le plan intérieur et des menaces sécuritaires au niveau régional.

Les risques sont orientés à la baisse. Sur le plan extérieur, ces risques incluent une baisse plus forte que prévue des prix de l’énergie et une reprise de la croissance lente chez les partenaires commerciaux de l’Algérie en Europe et en Chine. Sur le plan intérieur, les risques englobent le mécontentement social qui gagne de l’ampleur, les coupes budgétaires, des hausses d’impôts et des niveaux de chômage élevés chez les jeunes. La volonté politique et le consensus national pour rationaliser les subventions inefficaces et généreuses se dessinent lentement, mais une telle réforme exige de meilleurs filets de sécurité, un système de transferts monétaires qui dessert ceux qui sont dans le besoin et une campagne médiatique bien ficelée durant sa mise en œuvre. En dépit de ces risques, le fléchissement des prix du pétrole représente une occasion de procéder à une réorientation structurelle de l’économie, allant de la prédominance du pétrole et du secteur public vers une croissance plus diversifiée qui fait une plus grande place au secteur privé.  


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